Cette session de conférences en français est ouverte à tous sur inscription
en parallèle des conférences scientifiques
Les quatre orateurs nous présenteront de façon simple et conviviale, dans leur domaine d'expertise, quelques-unes des recherches menées au CRNL et des techniques utilisées.
Programme
25 septembre - salle de presse
14h00 Comment la privation de sommeil réduit-elle nos performances cognitives ? La mouche du vinaigre peut-elle nous aider à comprendre ? Laurent Seugnet (CRNL/WAKING)
14h30 Biologie moléculaire et manipulations génétiques. Claire Benetollo (CRNL/Services Communs)
15h00 Un pilote automatique pour nos mouvements volontaires. Yves Rossetti, L. Pisella, D. Pélisson, C. Prablanc (CRNL/IMPACT)
15h30 L'expérimentation animale en milieu enrichi. Raafat Fares, Laurent Bezin (CRNL/TIGER)
Résumés
Comment
la privation de sommeil réduit-elle nos performances cognitives ? La
mouche du vinaigre peut-elle nous aider à comprendre ?
Laurent Seugnet
Pour introduction, je ferai un bref survol du sommeil en général et de la recherche sur le sommeil au sein du CRNL. Tous les animaux dorment, y compris la drosophile : la mouche du vinaigre utilisée dans les laboratoires depuis plus de 100 ans pour étudier toutes sortes de processus biologiques. Ici, je montrerai comment cet animal modèle peut nous apporter des informations sur les mécanismes qui détériorent nos performances lorsque nous sommes privés de sommeil.
Biologie moléculaire et manipulations génétiques
Claire Benetollo
Le génome humain est l'ensemble de l'information génétique portée par l'ADN sur nos 23 paires de chromosomes. Il porte l'ensemble de notre information génétique, dont celle de nos 20 000 gènes.
Les progrès de la biologie moléculaire et de la biologie cellulaire ainsi que le séquençage du génome humain nous ont permis de générer des outils dont l’utilisation participe à la compréhension de la fonction d’un gène et des pathologies associées à leur dysfonctionnement.
L’utilisation combinées de plusieurs outils de biologie moléculaire, de biologie cellulaire et d’optique ont permis l’émergence d’un nouveau domaine de recherche et d’application : l’optogénétique. Cette technique est principalement basée sur différents types de protéines qui possèdent la propriété d’être activée par la lumière. En stimulant avec un laser ou une fibre optique des cellules nerveuses dans lesquelles on a inséré le gène codant pour une de ces protéines, on peut contrôler l’activité de circuits neuronaux spécifiques avec une précision de l’ordre de la milliseconde en étudier les effets.
Un pilote automatique pour nos mouvements volontaires
Y. Rossetti, L. Pisella, D. Pélisson, C. Prablanc
Notre corps est capable de produire
des réactions extrêmement rapides en réponse à des changements de position de l’objet
que nous sommes en train d’atteindre (Goodale, Pélisson et al 1986; Ces réactions motrices interviennent même
lorsque nous ne pouvons pas détecter le saut de l’objet, et elles-mêmes échappent
à notre conscience (Pélisson et al. 1986). Ces corrections semblent
naturellement inclues dans la planification préalable du déroulement du geste
puisque leur implémentation en laboratoire n’induit pas d’augmentation du temps
de mouvement (Goodale, Pélisson et al. 1986 ; Prablanc & Martin 1992).
Cette mise à jour « en temps réel » du déroulement de l’action repose
sur des circuits simples qui ont un délai d’action d’environ 100ms (Prablanc
& Martin 1992). Cette rapidité permet à ce pilotage automatique de la main d’échapper
au contrôle volontaire : des corrections automatiques sont observées même
dans des situations où le sujet a l’intention d’interrompre son mouvement si la
cible saute (Pisella et al. 2000). L’étude de patients cérébrolésés nous éclaire
sur les circuits cérébraux qui sous-tendent ce pilotage automatique de la main
(Pisella et al. 2000 ; Rossetti et Pisella 2001). Les rapports entre
motricité automatiques et volontaires nous renseignent ainsi sur l’organisation
générale, hiérarchique parallèle et circulaire, du système moteur.
L’enrichissement du milieu de vie : bien plus qu’un raffinement zootechnique au service de l’animal
Raafat Fares, Laurent Bezin
Les conditions expérimentales, notamment celles rencontrées lors de l’hébergement, ont un impact majeur sur l’animal de laboratoire tout au long de sa vie et influencent les résultats expérimentaux. Cette influence commence dès le plus jeune âge, et souffre, dans toutes les expérimentations conduites en environnement conventionnel, d’une simplification des procédures expérimentales ayant privilégié les aspects pratiques et la rentabilité économique au détriment du bien-être animal.
A l’inverse, l’enrichissement du milieu de vie est défini comme toute modification dans l’environnement des animaux maintenus en captivité, dont l’objectif est d’augmenter le bien-être physique et psychologique, par l’apport de stimuli conformes aux besoins spécifiques de l’espèce de l’animal. Il est suivi d’une amélioration des capacités cognitives. Il soutient le développement de mécanismes permettant une meilleure adaptation physiologique au stress, une meilleure résistance aux processus pathologiques et une réponse thérapeutique qui peut être différente de celle obtenue en condition conventionnelle, non enrichie.
Souvent délaissé par les expérimentateurs en raison d’un manque de standardisation et d’une mise en place difficile, l’enrichissement du milieu de vie des rongeurs connaît aujourd’hui un tournant grâce au développement récent de la cage Marlau™. Cette cage contribue non seulement à améliorer le bien-être des rongeurs dans le cadre de l’expérimentation, mais aussi à augmenter l’activité physique spontanée et à stimuler continuellement la fonction cognitive par l’utilisation de labyrinthes.